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Page:Spyri - Encore Heidi, 1882.pdf/80

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Quand elle entra dans la chambre, elle ne trouva que la mère de Pierre occupée à ses raccommodages ; elle expliqua que la grand’mère devait rester au lit pendant le jour parce qu’il faisait trop froid pour elle, et que, du reste, elle ne se sentait pas bien. C’était quelque chose de tout nouveau pour Heidi qui avait jusqu’alors toujours vu la grand’mère à la même place dans l’angle de la chambre. Elle courut auprès d’elle et la trouva tout enveloppée du châle gris, dans son lit étroit et sous une mince couverture.

— Dieu soit loué ! dit la grand’mère dès qu’elle entendit Heidi se précipiter dans la chambre.

Pendant tout l’automne déjà elle avait eu dans le cœur une secrète angoisse qui la poursuivait encore, surtout quand l’enfant restait un certain temps sans venir la voir. Pierre avait raconté qu’un monsieur étranger était venu de Francfort, qu’il allait souvent au pâturage avec eux, et qu’il voulait toujours parler à Heidi ; aussi la grand’mère n’avait-elle pas mis en doute que le monsieur ne fût venu pour l’emmener. Même lorsqu’elle sut qu’il était reparti seul, il lui venait continuellement à l’esprit la crainte qu’on