J’étois assise auprès de ton lit, dans cette place où tu as coutume de me donner des leçons. Je pensois à toi, ma mère ! j’ai pris les roses dont tu m’as fait une couronne, et je me suis levée pour m’en parer, afin de te plaire ; mais voilà que tout à coup, à la place même que j’avois occupée, j’ai vu, le croiras-tu ? ne te paroîtrai-je pas insensée ? j’ai vu ma propre figure telle que l’onde du Jourdain me l’a souvent répétée ; cependant, elle étoit beaucoup plus pâle que moi, et des roses toutes semblables à celles que je tenais encore dans ma main étoient placées sur sa tête : mais, d’ailleurs, tous ses traits étoient les miens. Je me voyois, je me regardois moi-même, et je frémissois à mon aspect. Ma figure qui te plaît, ma mère, si tu l’avois vue, comme un fantôme, elle ne t’auroit plus inspiré qu’une affreuse terreur.
Mon enfant, dissipe ton effroi ; tes yeux éblouis par un rayon de lumière ont sans doute produit cette fausse apparence, et ton imagination troublée aura secondé le hasard.
Ma sœur, ne sais-tu donc pas que la Pytho-