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Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/102

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LA SUNAMITE.

SEMIDA.

J’étois assise auprès de ton lit, dans cette place où tu as coutume de me donner des leçons. Je pensois à toi, ma mère ! j’ai pris les roses dont tu m’as fait une couronne, et je me suis levée pour m’en parer, afin de te plaire ; mais voilà que tout à coup, à la place même que j’avois occupée, j’ai vu, le croiras-tu ? ne te paroîtrai-je pas insensée ? j’ai vu ma propre figure telle que l’onde du Jourdain me l’a souvent répétée ; cependant, elle étoit beaucoup plus pâle que moi, et des roses toutes semblables à celles que je tenais encore dans ma main étoient placées sur sa tête : mais, d’ailleurs, tous ses traits étoient les miens. Je me voyois, je me regardois moi-même, et je frémissois à mon aspect. Ma figure qui te plaît, ma mère, si tu l’avois vue, comme un fantôme, elle ne t’auroit plus inspiré qu’une affreuse terreur.

LA SUNAMITE.

Mon enfant, dissipe ton effroi ; tes yeux éblouis par un rayon de lumière ont sans doute produit cette fausse apparence, et ton imagination troublée aura secondé le hasard.

LA SŒUR, parlant bas à la mère.

Ma sœur, ne sais-tu donc pas que la Pytho-