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Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/146

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vais plaisant ? vous trouverez-vous jamais à pareille fête ? (Il se retourne, et voit madame de Kernadec qui bâille.) Qu’est-ce à dire, madame de Kernadec, vous êtes distraite, Dieu me pardonne, quand je raconte mes campagnes ? À quoi pensez-vous ? à votre toilette ? Et vous, mademoiselle, à vos amours ? En vérité, madame, où avez-vous eu l’esprit d’appeler cette petite fille Rosalba, un nom de roman ? C’en est assez pour tourner la tête à une jeune personne. Rosalba… aussi elle n’a rien retenu de tout ce que je lui ai enseigné. Et toi, charmante Nérine, tu sais tout sans avoir rien appris. Tiens, ma chère, si tu veux, cet été je te mettrai au fait de la manœuvre ; ce sera si joli de t’entendre commander avec ta voix douce !

NÉRINE.

Mais, monsieur, il me semble qu’une voix douce n’est pas trop nécessaire pour cela. Ne dites-vous pas hissez les voiles, virez de bord, serrez le vent ; que sais-je, moi ?

LE CAPITAINE.

Voyez comme elle est gentille ! Ah ! ma chère, que tu me plais !

(Il veut l’embrasser.)