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Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/152

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LE CAPITAINE.

Qu’est-ce que vous dites ? la littérature, c’est ce qu’on enseigne au collége ; mais à douze ans c’est fini. Est-ce qu’on apprend à lire toute sa vie, et quand on est un homme, ne faut-il pas servir ?

Mme DE KERNADEC.

Mais, mon cher ami, il y a pourtant des hommes qui font autre chose.

LE CAPITAINE.

Oui, il y en a des exemples, mais je n’y ai jamais rien compris.

Mme DE KERNADEC.

Votre fille, qui n’est pas tout-à-fait aussi militaire que vous, voudroit épouser ce M. Derval qui l’aime et qui…

LE CAPITAINE.

Comment, mille bombes ! ce jeune homme timide comme une jeune fille, et qui fait des révérences jusqu’à terre. Jamais il ne dit un mot plus haut que l’autre ; on entendroit voler une mouche quand il parle. Je crois, Dieu me pardonne, qu’il n’a juré de sa vie. Non, de par tous les diables, je ne veux pas que ma fille épouse un homme comme cela.