Aller au contenu

Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

assister aux revues de notre grand roi Frédéric. Je vous le demande, a-t-il su ce qu’il voyoit ? n’a-t-il pas regardé une armée avec sa lorgnette d’opéra ? À quoi pense-t-il, si ce n’est à lui ? Il voyage, non pour s’instruire, mais pour se montrer. Il est d’une ignorance d’autant plus remarquable, qu’il a des phrases sur tout, et des idées sur rien. Mon père, ce n’est pas là vraiment un François, et nous avons ici des Allemands beaucoup plus dignes de porter ce nom que M. le comte d’Erville.

M. DE LA MORLIÈRE.

C’est pourtant, ma fille, un homme d’un très-grand nom.

SOPHIE.

Il ne pourroit pas entrer dans les Chapitres d’Allemagne.

M. DE LA MORLIÈRE.

Les noms de France, tu le sais, ma fille, n’ont pas les trente-deux quartiers dont les Allemands sont si fiers ; mais il y a dans la noblesse françoise bien plus de brillant, d’éclat et de grâce.

SOPHIE.

De la grâce, en fait, de généalogie, quelle idée ! Au reste, vous aimez ce mot de grâce