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Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/24

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AGAR

Ismaël.

Notre père ! et nous traitera-t-il mieux qu’Abraham ?

Agar.

Oui, mon enfant. Il n’a ni foiblesse, ni crainte : il est souverainement bon, parce qu’il est tout-puissant. Il a pitié de l’homme, et l’homme souvent n’a pas pitié de son semblable ; la Divinité s’attendrit, et la créature est inflexible. Dieu, qui est là haut, nous voit et nous entend.

Ismaël.

Nous ne sommes donc pas seuls ici, ma mère ; ah ! tant mieux. Écoute, si tu veux que je marche encore, donne-moi quelques gouttes d’eau.

Agar.

Mon enfant, il ne nous en reste que bien peu, et je te la réservois pour ce soir.

Ismaël.

Et toi, ma mère !

Agar.

Je n’en ai pas besoin.

Ismaël.

Oh ! si cela est ainsi, donne-m’en quelques gouttes ; la soif me dévore.