Aller au contenu

Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rence ? avez-vous déjà pris le caractère de l’homme auquel vous devez être unie ? êtes-vous, comme lui, légère, insensible, et décidée par l’amour-propre, dans la plus importante circonstance de votre vie ? Pardon, Sophie, pardon, ce n’est pas ainsi que je vous ai connue ; mais puis-je vous parler tranquillement de mon malheur et du vôtre ! Le comte d’Erville n’est pas fait pour vous. Quand vous seriez indifférente à mon amour, quand vous ne conserveriez aucun regret pour celui qui vous a tant aimée, votre âme noble et profonde ne pourroit jamais être comprise par un homme de ce caractère.

SOPHIE.

Frédéric, j’ai tort de ne vous avoir pas confié mes projets. Je voulois dissimuler avec vous, jusqu’à ce que je me fusse entretenue de nouveau avec mon père ; mais vos accens si vrais ont pénétré jusqu’au fond de mon cœur, et rien ne peut vous y rester caché.

FRÉDÉRIC.

Ah ! de grâce, quels sont donc ces projets ?

SOPHIE.

Je connois mon père ; si M. d’Erville ne lui