Aller au contenu

Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

DIOTIME.

La connois-tu ?

CLÉONE.

Si je la çonnoissois, je garderois à jamais ce funeste secret. Ah ! qui voudrait être préférée à Sapho ? qui ne rougiroit pas de l’être ? qui ne repousseroit pas loin de soi l’hommage qu’un ingrat lui raviroit ?

ALCÉE.

Jeune fille, que dis-tu ? quel soupçon tu fais naître dans mon esprit !

CLÉONE.

Gardez le silence ; n’abusez pas des dons qui vous révèlent les pensées des mortels.

ALCÉE.

Et tu es l’amie fidèle de Sapho ?

CLÉONE.

Oui, je lui suis fidèle ; oui, son génie et ses malheurs remplissent mon âme de l’admiration la plus vive. Mais que puis-je pour elle, infortunée que je suis ? (à part.) Hélas ! je n’ai fait que du mal à ce que j’aime.

DIOTIME.

Ne parle-t-elle point avec confiance de l’oracle qui lui promet le repos sur ces bords ?