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Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/317

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CLÉONE.

Ah dieux ! cessera-t-elle de me déchirer le cœur !

SAPHO.

Va-t-il quelquefois au pied du mont Etna ? contemple-t-il ses flammes ? sait-il ce que c’est que la flamme, et comme elle dévore la terre et ses habitans ?

LE MATELOT.

Nous ne savons rien de plus, pardonne ; nous prions les dieux d’avoir pitié de tes maux.

SAPHO.

Oui, vous avez raison ; laissez-moi. Faites un vœu sur les autels des dieux azurés de la mer, pour qu’ils vous ramènent en Sicile ; et si Phaon vous parle de l’Épire, dites-lui que vous avez vu, assise sur le rocher, une femme qui ne craignoit point la tempête, qui bravoit l’inclémence des nuées et des flots ; car, au fond de son cœur, il y avoit plus d’orages que la terre et les cieux ne peuvent en exciter.

(Sapho sort.)
CLÉONE.

Ah ! ma mère, je vais suivre ses pas.