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Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/330

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J’admirois ton génie, sans savoir ce qu’il te fait souffrir, et je croyois que ton sublime langage ne coûtoit pas plus à ton âme que le parfum à la fleur.

SAPHO.

L’amour est tout à la fois la source du talent et la puissance qui le consume. Ah ! Cléone, choisis un ami fidèle, et confie-lui tes jeunes années ; ne vois que lui sur cette terre ; ne cherche point les lauriers dont j’ai pu ceindre ma tête ; ne les cherche point.

CLÉONE.

Sapho, c’est toi qui condamnes ta propre gloire !

SAPHO.

Vois l’état où je suis ; le génie des femmes est comme un arbre qui s’élève jusqu’aux nues, mais dont les foibles racines ne peuvent résister à la tempête. Cléone, Cléone, cherche un abri près de tes pénates, et loin des temples où règnent seulement la gloire et la beauté.

CLÉONE.

Ma mère revient, suivie de tes esclaves. Sapho, laisse-moi tresser tes cheveux.