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Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/337

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SAPHO.

« Oui, je les remercie. Mais de quoi ? Le bonheur n’a point approché de mon âme. Apollon ne saurait l’accorder ; c’est le Dieu de la mer qui peut ramener le calme dans mon cœur. Apollon, tu ne donnes qu’un vain laurier ; et lui, ce dieu des ondes, ne peut-il pas conduire une barque dans le port ? C’est lui que j’adore ; c’est lui dont je veux être la prêtresse. N’a-t-il pas un palais dans le sein de la mer ? qu’il m’y donne un asile, et là je charmerai par mes chants les Naïades étonnées. Froides Muses, qui n’avez pas su me rendre chère à ce que j’aime, quel culte voulez-vous de moi ? »

DIOTIME.

Sapho, que dites-vous ?

ALCÉE.

En blasphémant le Dieu qui vient de te couronner, sais-tu donc à quels malheurs tu t’exposes ?

SAPHO.

Les mortels et les dieux ne sont-ils pas sortis d’une même tige ?

ALCÉE.

À qui dois-tu ton génie ?