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Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/347

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t’a devancée a déjà préparé ton œuvre sombre, et d’un foible coup tu peux L’achever.

CLÉONE.

Phaon est arrivé : tu vas le voir.

SAPHO.

Phaon est ici ! mes genoux fléchissent ; un nuage couvre mes yeux. Oh ! si ce nuage m’empêchoit de voir ses traits ! Apollon, que j’ai ce matin offensé, Apollon, voudrois-tu me ravir ta lumière ! Oh ! quelques rayons encore pour voir Phaon, et puis après, la nuit éternelle !

CLÉONE.

Généreuse Sapho !

DIOTIME.

Ciel ! qui porte ici ses pas ? c’est Phaon.

SAPHO.

Oui, je le vois, Diotime ; il vient. — Diotime, dis-moi, sommes-nous dans l’Élysée ? Est-ce son ombre ? et dois-je, comme Didon indignée, me détourner de lui en montrant ma blessure ?

DIOTIME.

Reste, reste, Sapho ; peut-être connoît-il le repentir.