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Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/371

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Scène III.


SAPHO, CLÉONE.
SAPHO.

Eh bien !

CLÉONE.

Ne me trompe pas ; ne te trompe pas toi-même : il en est temps encore ; romps cet hyménée, s’il te fait trop de mal. Crois-moi, je serai heureuse de te suivre et de t’entendre. J’aime Phaon, sans le connoître : je l’aime, parce qu’il m’a préférée. Mais un autre n’auroit-il pas pu m’aimer et me plaire ? tandis que toi, Sapho, toi, tu es un être unique sur la terre et c’est un destin assez doux que de te voir et de te servir.

SAPHO.

Lève-toi, Cléone ; lève-toi : le bonheur est fait pour ton âge. Je descends la montagne dont tu n’as pas encore atteint le sommet, et le vent de l’abîme se fait déjà sentir à mon cœur brûlant, comme on voie sur l’Etna les neiges et les feux se réunir, sans se réchauffer ni s’éteindre. Sois heureuse, et souviens-toi de Sapho.