Aller au contenu

Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nuèrent les négociations ; ils en eurent jusqu’au soir ; mais ne donnèrent que huit dotis chacun.

Entre Kididimo et Nyamboua, district du sultan Pembira Péreh, se trouvait une grande forêt, futaie et jungle, habitée par l’éléphant, le rhinocéros, le zèbre, le daim, l’antilope et la girafe.

Partis au point du jour, nous entrâmes dans le fourré, dont les lisières de grands arbres et les sombres lignes se distinguent parfaitement du boma de Kididimo. Après deux heures de marche, nous nous arrêtâmes pour déjeuner au bord d’un chapelet de petits étangs d’eau douce, entourés d’espaces verdoyants, ou les bêtes sauvages se réunissaient en grand nombre, à en juger par les traces multipliées et récentes qui se voyaient aux alentours. Un étroit noullah, abrité par une épaisse feuillée, nous fournit un excellent refuge contre l’éclat du soleil.

À midi, notre soif étant apaisée, notre faim satisfaite, nos gourdes remplies, nous sortîmes de l’ombre pour rentrer dans l’air éblouissant. Tantôt dans la jungle, tantôt hors du fourré, ou dans un bois très-clair, puis au milieu de grandes herbes pâles, de gommiers et d’épines, répandant une odeur aussi forte que celle d’une écurie ; puis à travers des bouquets de mimosas, et des colonies de baobabs, dans un pays giboyeux, mais dont le gibier qui se montrait fréquemment n’avait pas plus à craindre nos armes que si nous fussions restés sur la côte.

Une tirikéza — c’était ainsi que nous marchions — n’admet aucun délai, aucun détour. Nous avions quitté l’eau à midi, pour ne la retrouver qu’au bout de vingt-quatre heures ; et pour cela il fallait marcher vite et longtemps.

On ne s’arrêta qu’à la fin du jour ; nous étions encore à deux heures du camp de Nyamboua. Ce soir-là nos gens bivaquèrent sous les arbres, au milieu d’une épaisse forêt, jouissant de la fraîcheur, et n’ayant pas même l’abri d’un chapeau, tandis, qu’au fond de ma tente, je gémissais et me débattais contre la fièvre.

Le soleil venait de paraître lorsque nos caravanes reprirent le sentier, où elles se déroulèrent en longue file indienne. C’était toujours la forêt : à droite et à gauche, de sombres profondeurs : au-dessus de nos têtes un ruban de ciel lumineux, où flottaient de légers nuages. Aucun bruit, à l’exception de quelques notes jetées au vol par un oiseau, le chant de quelque porteur, le bourdonnement d’une conversation, ou un cri de joie à la pensée qu’on approchait de l’eau. Un de mes pagazis, qui était malade, tomba pour ne plus se relever. Le dernier de la bande passa près