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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/179

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venus des environs de l’Ourori ; gens paisibles, préférant l’agriculture aux combats et l’élève du bétail aux conquêtes. Au moindre bruit de guerre, ils emmènent leurs familles et leurs troupeaux dans quelque lieu inhabité, ou ils commencent aussitôt à défricher le sol et à chasser l’éléphant pour en prendre l’ivoire. C’est néanmoins une belle race, bien armée, et paraissant capable de se mesurer avec n’importe quelle tribu du voisinage. Mais la désunion l’affaiblit. Ses petites communes, régies par des chefs indépendants les uns des autres, ne sauraient se défendre ; tandis que groupées autour d’un pouvoir qui leur servirait de lien, elles présenteraient à l’ennemi des forces respectables.

La marche suivante devait nous conduire à Msalalo, situé à quinze milles de Kiti. Hamed, qui avait cherché ses déserteurs et qui ne les avait pas retrouvés, non plus que ses habits de gala, se remit avec nous. Il voulut encore nous dépasser ; mais ses hommes n’en eurent pas la force ; et il fut obligé de camper à Msalalo.

Le 12, après une marche de trois heures et demie, nous arrivâmes à Ouelled Ngaraiso, petit village florissant où les vivres étaient d’un bon marché fabuleux, presque deux fois moins chers qu’à Ounyambogi. Tous mes hommes, pagazis et soldats, s’étant admirablement comportés pendant les dernières étapes, je leur achetai un bouvillon pour douze mètres de calicot, et leur donnai à chacun un rang de perles, afin qu’ils pussent jouir des bonnes choses que leur offrait le pays. Le laitage et le miel abondaient, et l’on pouvait avoir trois frasilahs de patates, c’est-à-dire cent vingt livres, pour un morceau d’étoffe valant à peu près deux francs.

Le 13 juin nous voyait à Kousouri, dernier village du Magounda Mkali, district de Djihoué la Singa. La marche avait été de huit milles trois quarts.

Kousouri, ainsi que prononcent les Arabes, est nommé Kounsouli par les gens qui l’habitent, et qui sont des Vouakimbou. C’est un exemple, entre mille, de l’altération que les Arabes font subir aux noms du pays[1].

  1. Dans la plupart des dialectes de l’Afrique australe, dit Burton, les liquides l et r se prennent indifféremment l’une pour l’autre. Néanmoins en Kisahouahili, qui est la langue franque de cette région, elles sont distinctes toutes les fois que leur changement pourrait modifier le sens du mot : ainsi mlima désigne une colline (principalement non rocheuse} et mrima la portion du rivage qui est en face de Zanzibar ; variété du mot précédent qui veut dire Terre des collines ou des dunes. Mais quand la significa-