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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/181

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demande : « Avez-vous de la cotonnade ? fut adressée au cheik Hamed.

— Très-peu, » répondit celui-ci, bien qu’il eût cinquante-cinq ballots d’étoffe, ce que le grand Omani savait aussi bien que moi.

On parla d’autre chose. Ben Mohammed m’offrit obligeamment de se charger des dépêches et autres menus paquets que je voulais envoyer à Zanzibar. Apprenant que j’avais laissé Farquhar à Mpouapoua, il me promit de s’occuper du malade, et s’engagea à l’emmener s’il était dans le cas de supporter le voyage. Enfin il m’envoya à Kousouri, par un de ses esclaves, une outre pleine du beau riz blanc de l’Ounyanyembé[1], présent que j’aurais voulu pouvoir ne pas accepter après la réponse négative que j’avais dû faire à son auteur.

Le soir, une bande de chasseurs d’éléphants, natifs du Sahouahil et fixés à Djihoué la Singa, vint me trouver sous la conduite d’un vieillard qui avait été dihouan[2] de Bagamoyo. Ces gens-là, qui ne m’apportaient rien, me demandèrent du papier, du cari et du savon, trois choses que je n’avais pas à donner, la traversée du marais de la Makata m’ayant laissé peu d’objets de cette nature.

Je m’arrêtai à Kousouri. Les marches précédentes avaient été fort longues, et un jour de halte me semblait nécessaire avant de s’engager dans la solitude qui sépare le Djihoué la Singa du district de Toura. Hamed, que tous ses échecs n’avaient pas rendu plus sage, nous quitta le lendemain, en me promettant d’annoncer ma venue à Séid ben Sélim, et de lui dire de me procurer un tembé.

Le 15, ayant vu que le cheik Thani serait obligé de passer plusieurs jours à Kousouri, où le retenaient le grand nombre

  1. Cette épithète qui peut sembler inutile, appliquée à du riz, est nécessaire dans cette région où te riz indigène est rouge. La variété blanche, cultivée par les Arabes, qui paraissent l’avoir importée, est bien supérieure à celle du pays. (Note du traducteur.)
  2. Titre donné sur la côte aux chefs de village, d’un rang plus ou moins élevé, il y a cinq catégories de dihouans : le Mouinyi Kambi, ou maître de l’enceînte fortifiée, ce qu’en bon Anglais, Burton a traduit par Lord of the manor (Seigneur du manoir). Sous le Mouinyi Khambi, chef de district, se trouve le Mfamao, qui est son premier ministre ; viennent ensuite le Mouinyi Kaya ou chef de village ; enfin le Mouinyi ousyali et le doutchali, simples conseillers. Toutefois, ces noms changent suivant les localités ; par exemple de Bagamoyo à Bouamadji, le dihouan prend le titre de chomhoui. Dans l’Ouzaraomo, les chefs forment une classe où le pouvoir est héréditaire ; on y retrouvé également les cinq ordres. (Pour les attributions et les privilèges de ces notables, voir Burton, Voyage aux grands lacs, pages 19, 102, 110, 115. (Note du traducteur.)