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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/199

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nul autre ne surpasse en fertilité, et peuplé partout de gens dociles ; gens d’un bon caractère, en paix les uns avec les autres, tous voyageurs et tous voisins.

De même que les passes de l’Olympe ont ouvert l’empire d’Orient aux Hordes ottomanes, de même que celles de Koumaylé et de Seureu ont introduit les Anglais en Abyssinie, les gorges de la Moukondokoua peuvent donner accès à l’Évangile, et permettre à son influence de gagner le cœur de l’Afrique.

Je vois d’ici le vieux Kadétamaré se frottant les mains avec joie à l’arrivée du blanc qui apporterait à ses sujets les paroles du Mouloungou (l’Esprit du ciel) ; de l’Homme qui leur enseignerait à cultiver les champs, à bâtir les maisons, à guérir les malades, à tisser les étoffes ; bref, à se civiliser.

Mais ainsi que le marin, qui doit savoir prendre un ris, ferler et gouverner, le missionnaire doit connaître tous les devoirs de sa profession, ou bien il échouera. Il ne faut pas que ce soit un efféminé, un porteur de gants de chevreau, non plus qu’un écrivain de journal, un polémiste, ou un amateur de chasuble et d’étole de soie ; mais un ardent ouvrier de la vigne du Seigneur, un homme de la trempe des Livingstone et des Moffat[1].

Si le Vouami est une rivière intéressante, le Roufidji ou Rouhoua est encore plus important. Il verse à la mer deux fois autant d’eau et son cours a beaucoup plus de longueur. C’est près des montagnes qui sont à quelque cent milles au sud-ouest de l’Oubéna qu’il prend sa source. Il reçoit le Kisigo, son principal tributaire, et le plus septentrional de ses affluents, il le reçoit, disons-nous, par moins de trente-trois degrés de longitude, à quatre degrés de son embouchure, ce qui forme, en ligne droite, près de deux cent quarante milles. Rien que ce fait lui donne un rang élevé parmi les rivières de d’Afrique centrale.

On sait fort peu de chose à l’égard du Rouflidji ; tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’il est remonté par de petits bateaux jusqu’à huit marches de la côte (une soixantaine de milles), distance à laquelle s’arrêtent les Banians qui vont acheter l’ivoire chez les tribus riveraines.

On se rappelle qu’entre la région basse ou maritime et les terres supérieures, le contraste est frappant. Dans la vallée de

  1. Voir dans Livingstone (Explorations du Zambèsse, librairie Hachette, Paris, 1866), page 529, ce que doit être le missionnaire dans cette partie de l’Afrique. On y aura sur l’évéque Tozer, le prélat de Zanzibar, ami de la pourpre, des renseignements qui feront comprendre l’allusion ci-dessus. (Note du traducteur.)