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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/224

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ballot dans le Marenga Mkali, ballot dont le porteur avait été presque assommé par l’un des bandits qui infestent les jungles, sur la frontière de l’Ougogo. Je fus heureux d’apprendre que leurs mésaventures se bornaient à cette perte ; et en témoignage de ma satisfaction, les trois chefs reçurent chacun deux mètres de belle étoffe et vingt de mérikani.

Au moment où l’appétit commençait à me revenir, une procession d’esclaves m’apporta une foule de choses de la part des Arabes ; d’abord un énorme plat de riz, accompagné d’un poulet au cari ; douze énormes galettes de froment ; puis une friture de gâteaux ; puis des citrons, des papaies, des grenades.

Comme je finissais de manger, d’autres esclaves arrivèrent, m’amenant cinq bœufs gras, huit moutons et dix chèvres, tandis que je recevais d’autre part douze poulets et une douzaine, d’œufs.

C’était là une hospitalité à la fois splendide et pratique qui prit ma reconnaissance d’assaut.

Mes hommes, réduits à vingt-cinq, ne furent pas moins touchés que moi de ce présent généreux ; et comme je vis s’allumer leurs regards à la savoureuse pensée des festins que promettaient ces richesses, j’ordonnai de tuer un bœuf qui leur fut distribué.

Le second jour de notre arrivée dans cet endroit, que je regardais comme une terre classique, Burton, Speke et Grant l’ayant visité et décrit, les hauts personnages de Tabora vinrent m’apporter leurs félicitations.

Tabora est l’établissement le plus considérable que les traitants de Mascate et de Zanzibar aient au centre de l’Afrique. Il renfermait à cette époque plus de mille demeures, et l’on pouvait sans crainte porter à cinq mille le nombre de ses habitants : Arabes, Zanzibarites et indigènes. Entre ce gros bourg et Kouihara, s’élèvent deux chaînettes de collines rocailleuses, séparées, l’une de l’autre par un col en forme de selle, d’où l’on découvre Tabora.

Une belle réunion que celle de mes visiteurs ; des hommes pleins de noblesse et d’élégance. La plupart étaient de l’Oman ; quelques-uns du Sahouahil. Chacun d’eux avait une suite nombreuse. Ils vivaient tous dans une grande abondance, on pourrait dire avec luxe. La plaine de Tabora, bien que dépourvue d’arbres, est d’une extrême fertilité ; partout se voyaient des troupeaux, des champs de riz, de patates, d’ignames, de sorgho, de maïs, de millet, de manioc, de sésame, de gesce comestible ; cultures dont