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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/261

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CHAPITRE XI

De Kouihara à Mréra.


Le lendemain, 20 septembre, était le jour fixé pour notre départ. La fièvre m’avait laissé une extrême faiblesse ; et il était peu raisonnable de me mettre en route dans un pareil état ; mais j’avais hâte de rompre avec tous les prophètes de malheur dont les avertissements, les récits, les craintes m’obsédaient et démoralisaient mes gens. Il le fallait, d’ailleurs ; j’avais dit à Ben Nasib que jamais un blanc ne manquait à sa parole ; et j’aurais été perdu de réputation si, pour cause de faiblesse, je n’étais pas parti comme je l’avais annoncé.

Toute la caravane, drapeaux au vent, fut passée en revue devant la porte du tembé ; chacun près de son ballot, qui était posé contre le mur. Il y eut un feu roulant d’acclamations, de rires, de cris de joie, de fanfaronnades africaines. Les Arabes s’étaient rassemblés pour nous voir partir. Tous étaient là, excepté Ben Nasib que j’avais offensé par mon entêtement à ne pas suivre ses conseils. Le vieux cheik, se disant malade, s’était couché, et m’envoyait par son fils une dernière tartine philosophique, précieux trésor que me léguait le fils de Nasib, fils d’Ali, fils de Séif.


Pauvre cheik ! si tu avais su ce qu’il y avait au fond de cette opiniâtreté asinienne, de cette détermination à prendre une voie fatale, qu’aurais-tu dit, ô fils de Nasib ?

Mais il se consolait en pensant que je devais savoir mieux que lui ce que j’avais à faire, chose qui n’était pas douteuse ; car il ne pouvait se rendre compte, pas plus que tout autre, du motif qui me faisait marcher au couchant, à travers tant d’obstacles, quand la route du levant était si aisée.

Les braves qui devaient me suivre n’importe où, hors de l’Ounyanyembé, se nommaient :