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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/305

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Le dégât qu’une troupe de ces animaux fait dans la forêt est tout simplement effrayant. Dans les endroits où les arbres sont jeunes, on les voit déracinés et jetés, par andains, au bord de la route que s’est frayée la bande à travers le fourré.

Sélim était alors tellement malade qu’il fallut s’arrêter au village de Mréra. Sa maladie paraissait être dans les membres ; il y éprouvait des douleurs si violentes qu’elles le faisaient trembler, se coucher par terre et se débattre dans une affreuse agonie. Il avait, en outre, une dyssenterie aiguë. Des soins constants le remirent bientôt sur pied, et, le quatrième jour, il put supporter l’âne.

Cette halte prolongée me permit d’aller à la chasse et de nous approvisionner de venaison. La grosse bête emplissait la forêt ; le zèbre, l’éléphant, la girafe, le rhinocéros y étaient des plus communs ; la pintade et le tétras y abondaient également[1].

Presque tous les guerriers de Mréra étaient armés de mousquets, dont ils avaient le plus grand soin. Ils m’importunaient de leurs demandes pour avoir des pierres à feu, de la poudre et des balles, demande que je m’étais fait une règle de toujours refuser, de peur que, dans un moment d’effervescence, ces munitions ne fussent employées contre nous.

Les hommes de ce village étaient extrêmement paresseux, ne faisant guère que chasser, bâiller, bavarder ou jouer comme des enfants.

Je profitai de ces trois jours de halte pour raccommoder mes chaussures et pour rapiécer mes habits, que les dernières marches avaient mis en loques.

À l’ouest de Mréra commençait un désert dont la traversée, à ce qui nous fut dit, était de neuf jours ; d’où la nécessité d’acheter une quantité considérable de grain, qu’il fallait moudre et tamiser avant de partir.

  1. L’auteur dit ptarmigan, nom qui est celui d’un lagopède. Si nous étions en plaine découverte et brûlante, l’oiseau dont il s’agit pourrait, en effet, sans être celui du Nord, avoir les doigts emplumés comme le tétras des neiges. Ainsi le fennec a le pied fourré de l’isatis, et mérite comme lui ce nom de lagopus. Mais nous avons affaire à un oiseau des bois, sans doute percheur ; et il est probable que les doigts sont nus, même les tarses. Nous n’osons pas assurer que ce soit un francolin ; dans tous les cas nous avons pensé que le nom vague de tétras avait moins d’inconvénient que celui du texte. (Note du traducteur.)