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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/319

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allait au nord, et s’engagea dans une petite chaîne, où des rochers sourcilleux portaient des villages déserts.

Un grand figuier-sycomore, qu’elle faisait paraître nain, s’élevait à côté d’une masse rocheuse de soixante-dix pieds de haut et de cent cinquante de diamètre ; ce fut là que nous nous arrêtâmes, après cinq heures et demie d’une marche rapide et continue.

Il y avait alors vingt heures que mes gens avaient mangé leur dernier débris de viande, leur dernière poignée de grain. Je n’avais plus qu’une livre et demie de farine ; peu de chose pour quarante-cinq affamés.

Mais il me restait trente livres de thé et vingt livres de sucre. Je fis mettre les chaudrons sur le feu ; pendant que l’eau chauffait, des groupes, détachés de la bande, coururent à la recherche des fruits sauvages, et rapportèrent bientôt des panerées de tamarins et de mtembous, auxquels s’ajouta, pour chacun de mes hommes, un litre d’un excellent breuvage fortement sucré.

Le soir, dans une invocation faite à voix haute, nos musulmans prièrent Allah de leur envoyer des vivres.

Chacun se leva de bonne heure, et partit bien résolu à ne s’arrêter qu’à l’endroit où l’on pourrait acheter des provisions.

Les traces de rhinocéros abondaient, les buffles paraissaient nombreux ; mais pas un animal en vue.

Des pentes rapides et courtes furent gravies et descendues par vingtaines, nous faisant passer du sommet de petits escarpements au fond de ravins pierreux, d’où nous débouchâmes enfin dans une vallée, bornée d’un côté par une montagne de forme triangulaire, dont les flancs étaient à pic, et de l’autre par un groupe de trois collines d’un noble aspect.

Nous descendîmes cette vallée, que le soleil avait blanchie ; bientôt la verdure remplaça l’herbe sèche ; une forêt se vit au loin ; peu de temps après nous étions au milieu de champs de maïs.

Regardant de tous côtés, cherchant le village, nous l’aperçûmes au sommet de la masse triangulaire que nous avions à notre droite. Un cri d’allégresse salua cette découverte ; mes hommes jetèrent leurs fardeaux en réclamant des vivres.

« Qui veut prendre l’étoffe, aller acheter du grain à n’importe quel prix ? »

Trois ou quatre hommes partirent ; et nous nous laissâmes tomber à l’endroit même, n’en pouvant plus.

Au bout d’une heure, ou à peu près, nos pourvoyeurs revin-