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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/326

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milieu de grands chaumes de sorgho et de maïs ; villages de trois huttes, de cinq, de dix, de vingt cases en forme de ruche. On y vit dans une sécurité évidente, car pas un de ces hameaux n’est entouré de palissade.

Un étroit fossé n’ayant même pas d’eau, est la seule frontière qui sépare l’Ouhha de l’Ouvinza. Le fossé franchi, nous n’avions plus rien à craindre de Makambi et de ses lauriers.

Nous nous sommes arrêtés à Kahouanga. Sans perdre de temps, le chef nous a fait savoir qu’il était le grand moutouaré du Kiményi (division orientale de l’Ouhha), grand péager du roi Kiha, et le seul qui, dans la province, pût recevoir le tribut ; il nous engageait donc, dans notre intérêt même, à lui envoyer sur-le-champ douze dotis de belle étoffe, ce qui réglerait notre position une fois pour toutes, et lui serait fort agréable.

Connaissant le caractère africain, nous n’avons pas cru devoir agir avec cette promptitude ; il fallait d’abord essayer de faire diminuer la demande.

Après une discussion chaleureuse qui n’a pas duré moins de six heures, le moutouaré n’a rabattu que deux dotis. L’affaire a été réglée d’après ce chiffre ; mais il est bien entendu que, moyennant ces quarante mètres d’étoffe, nous pouvons traverser l’Ouhha, jusqu’au Rousougi, sans payer de nouvelle taxe.

5 novembre. Sortis de Kahouanga dès l’aurore, nous avons poursuivi notre marche dans la plaine sans limite, desséchée et blanchie par un soleil équatorial. Nous allions gaiement du côté de l’ouest, remplis de sécurité, nous disant avec joie que nous étions au bout de nos peines ; que rien ne nous arrêterait plus ; que dans cinq jours nous trouverions ce que j’étais venu chercher de si loin, à travers tant d’obstacles et de périls.

Des villages se voyaient à notre droite ; mais peu nous importait. Nous passions avec l’assurance de gens qui ne doivent rien, lorsque deux hommes, se détachant d’un groupe d’indigènes qui paraissaient nous observer, accoururent au-devant de la caravane.

Ma bande s’arrêta. Je m’avançai pour demander aux arrivants ce qu’ils nous voulaient. Ils m’adressèrent les yambo d’usage ; puis cette question me fut posée :

« Pourquoi l’homme blanc passe-t-il sans venir saluer le chef et sans payer le tribut ? L’homme blanc ignore-t-il qu’ici habile un roi de l’Ouhha, auquel les Arabes et les Vouangouana payent un droit de passage ?

— Nous avons remis le tribut hier au chef de Kahouanga, sur