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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/371

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assistait à la réception, et prononça d’une voix sonore le résultat de son enquête. Il avait entendu dire que l’homme blanc était venu dans le pays pour en étudier les ruisseaux, les rivières et les lacs. Bien qu’il ne sût deviner quel intérêt pouvait avoir l’homme blanc à connaître des eaux qui lui étaient étrangères, il ne doutait pas que ce ne fût dans une louable intention.

Cazembé demanda alors au voyageur quel était son but, et à quel endroit il avait le projet de se rendre. Livingstone répondit que son désir était d’aller au sud, ayant appris qu’il y avait dans cette direction des lacs et des rivières.

« Vous n’avez pas besoin d’aller au midi pour cela, reprit Cazembé. Nous avons de l’eau ici ; elle abonde dans le voisinage. »

Toutefois, avant de lever la séance, il donna des ordres pour que l’homme blanc pût circuler dans tous ses États sans être inquiété en aucune façon. « C’est, dit-il, le premier Anglais que je vois, et il a mon amitié. »

Dès le commencement de la visite, la reine avait fait son entrée à la cour, suivie d’une quantité de lances, portées par des amazones. Jeune et jolie, et de grande taille, elle comptait évidemment sur ses charmes pour impressionner l’homme blanc ; car elle s’était parée de ses atours les plus royaux, et tenait en main une énorme lance. Mais son aspect imprévu, ses frais de toilette d’une bizarrerie inimaginable, provoquèrent chez Livingstone un rire qui détruisit l’effet rêvé ; car le rire du docteur, ce rire si contagieux, gagna bientôt la dame, puis ses amazones, puis tous les courtisans. Très-déconcertée de ce joyeux succès, la reine s’enfuit avec sa garde féminine ; sortie des moins majestueuses, comparée surtout à la marche solennelle qui l’avait précédée.

Le docteur a sur cette reine intéressante, sur ce roi, sur toute cette cour, infiniment à dire ; mais qui mieux que lui peut raconter ces bonnes histoires ? d’ailleurs elles lui appartiennent, et je ne veux pas les déflorer.

Peu de temps après son entrée dans le Londa, ou Lunda, et avant d’atteindre la province de Cazembé, Livingstone avait traversé une rivière importante qu’on appelait le Chambési. La ressemblance de nom avec celui du grand fleuve dont le souvenir est à jamais lié au sien, lui avait fait supposer que cette rivière était le cours supérieur du Zambèse, et que par conséquent elle n’avait pas de rapport avec le Nil, dont il cherchait les sources. Il le croyait d’autant mieux que les Portugais, qu’il avait vus dans le Mozambique,