Aller au contenu

Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mille de kaniki (cotonnade bleue, de provenance hindoue), et six cent cinquante d’étoffes dites de couleur, telles que le barsati, cotonnade d’un bleu foncé avec une large bande rouge, très en faveur dans la Terre de la Lune ; le sohari, cotonnade de l’Oman, à bordure rouge, à carreaux blancs et bleus, rayés de jaune, de bleu et de rouge, qui se place dans l’Ougogo ; l’ismahili ; le taujiri, cotonnade bleue à bordure d’un rouge garance ou d’un jaune orangé ; le réhani ; le shash, mousseline pour turban ; le jamdani ou koungourou, du Cotch, à carreaux bleus et roses ; enfin le drap rouge qu’on appelle joho.

À ce compte, il me fallait pour deux ans :

Seize mille mètres de sheeting,

Huit mille de kaniki,

Cinq mille deux cents d’étoffes de couleur.

Je n’avais plus qu’à m’instruire de la qualité de ces divers tissus ; chose indispensable.

Venait ensuite la verroterie, qui est la monnaie courante dans plusieurs provinces, ou malheureusement les goûts ne sont pas les mêmes. Telle peuplade veut des perles blanches ; telle autre préfère les jaunes ou les vertes. Dans l’Ounyamouézi, par exemple, les rouges étaient avidement recherchées, à l’exclusion des autres. Dans l’Ougogo, c’étaient les noires, qui partout ailleurs se refusaient positivement. La grosse perle, du volume d’un œuf de pigeon, valuable dans l’Oujiji et dans l’Ougouhha, n’était pas reçue dans les autres contrées ; la perle blanche américaine, appréciée dans l’Oufipa et dans quelques parties de l’Ousagara et de l’Ougogo, était méprisée dans l’Oukonongo et dans l’Ouségouhha. Burton en avait été réduit à jeter, comme inutiles, plusieurs milliers de rangs de perles, dont personne ne voulait à aucun prix, « même en cadeau. »

Il fallait donc étudier la question, l’étudier de près, et faire l’estime du temps probable que l’on passerait dans chaque endroit, afin d’être sûr d’emporter suffisamment de chaque espèce et de ne prendre que la quantité voulue.

Supposez qu’en Europe il n’y ait pas de change de monnaie, et qu’un voyageur veuille en traverser à pied les différents États. Avant de partir, il lui faudra calculer combien de temps il devra mettre pour aller d’une frontière à l’autre ; combien pour franchir la Prusse, l’Autriche, la Russie, et quelle sera sa dépense dans chacune de ces contrées. Si, en France, il doit avoir besoin d’un napoléon par jour, et qu’il lui faille un mois pour traverser