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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/397

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côté faible de son organisme ; mais j’ai vu qu’il avait fréquemment à s’en plaindre ; un écart de régime ou une vive émotion amenait toujours chez lui une crise de cette nature ; tandis que chez moi c’était l’opposé ; la malaria ou un trouble moral produisait invariablement l’excès contraire, et parfois un accès de fièvre.

Le troisième jour, quatre heures de rame nous conduisirent à Zassi, petit village, situé à l’embouchure d’un ruisseau, dont il a pris le nom. Les montagnes qui bordaient la côte, s’élevaient de deux mille à deux mille cinq cents pieds au-dessus du lac ; et le pays me semblait à chaque instant devenir plus pittoresque, plus animé ; bien plus séduisant que tout ce que l’on voit près du lac George, ou sur les bords de l’Hudson. Pas un pli du rivage qui n’eût sa forêt de palmiers, ses cases en forme de ruche, entrevues sous les grandes frondes, pareilles à d’énormes plumes ; pas une de ces retraites de la côte qui ne fût un délicieux tableau ; pas une terrasse, pas une banquette, voire un talus qui ne fut occupé.

Un groupe de montagnes coniques s’élève à côté de Zassi, qu’il fait reconnaître de loin. Vis-à-vis de ce groupe, nommé Kirassa, le lac a trente-cinq brasses de profondeur, comme au large des collines de Bemba ; mais à un mille plus au nord ma sonde, qui était de cent quinze brasses, n’atteignit pas le fond ; malheureusement elle se brisa et j’en perdis les trois quarts. Au sud d’Oujiji, à la hauteur du Kabogo, Livingstone avait trouvé jusqu’à trois cents brasses (cinq cent quarante-six mètres). Il avait également perdu le plomb de sa sonde, et cent brasses de ligne ; mais il lui en restait neuf cents, dont nous espérions faire usage dans la traversée du lac.

Notre quatrième camp fut dressé dans l’Ouroundi, sur une île sableuse appelée Nyabigma et qui se trouve à une demi-heure de la frontière.

Bien que la Mchala soit considérée par les deux peuplades comme étant la ligne de démarcation entre les deux provinces, il y a des établissements de Vouaroundi en deçà de la rivière, par exemple à Kagounga, village situé à une heure de Zassi, vers le nord ; et des bourgades de Vouajiji sur les deltas fertiles du Kasokoué, du Namousinga et du Louaba, qui sont dans l’Ouroundi.

De Nyabigma, l’œil embrasse la courbe profonde que décrit la montagne entre les promontoires de Kazinga et de Kasofou, — une étendue de vingt à vingt-cinq milles. Cette arène, aux sommets irréguliers, voilés à peu près constamment d’un éther flocon-