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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/404

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et l’on voit se rapprocher rapidement les deux rives du lac, qui paraissent se rejoindre à une distance d’environ trente milles. Le Tanganika, en cet endroit, n’a plus que huit ou dix milles de large.

De notre cap nous distinguions fort bien la chaîne occidentale, dont l’altitude au-dessus du lac parait être en moyenne de trois mille pieds. Cette moyenne est dépassée d’environ cinq cents pieds par le pic de Louhanga, qui se dresse un peu au nord du couchant de Magala, et par Soumbourizi, capitale de l’Ouvira, qui peut se trouver à trois cents pieds au-dessus des hauteurs voisines.

L’Ouvira, situé en face de l’Ouroundi, avait alors pour grand chef un appelé Mrouta, dont Soumbourizi était la résidence.

Les Vouaroundi de Magala se montrèrent à la fois très-polis et très-curieux de nous contempler. Ils se pressèrent en foule à la porte de la tente et attachèrent sur nous des regards avides, comme s’ils avaient craint de voir disparaître subitement ce spectacle d’un si haut intérêt.

Dans l’après-midi, le moutouaré vint nous faire sa visite. Bien qu’il fût alors en grande tenue, je reconnus en lui un tout jeune homme, dont, parmi les curieux du matin, j’avais remarqué le joli visage, la fière tournure, et les belles dents qu’un joyeux rire découvrait sans cesse. Le chef était décoré d’une profusion d’ornements d’ivoire, de nombreux colliers, d’énormes bracelets de cuivre jaune, et de lourdes spirales en fil de fer autour des chevilles ; mais il n’y avait pas à s’y méprendre : c’était bien la belle mine qui m’avait frappé le matin.

L’admiration fut réciproque. En retour des huit mètres d’étoffe et de la dizaine de rangs de perles rouges dont nous lui fîmes présent, il nous donna un mouton gras à large queue et une jarre de lait, deux choses qui dans notre position nous furent très-agréables.

Là nous apprîmes que la guerre était déclarée entre Makamba, chef du pays où nous nous rendions, et Vouaroumachanya, sultan du district voisin. On nous conseillait de retourner chez nous, à moins que nous ne voulussions prêter assistance à l’un des combattants. Mais nous étions en route pour gagner le Roussizi, et de pareilles considérations n’étaient pas faites pour nous arrêter.

    laires se pressent en foule pour troquer leur ivoire, leurs esclaves, leurs provisions, contre du sel, de l’étoffe, des grains de verre, du fil de métal. » Ce nom aura été donné à l’île entière depuis que ces parages sont plus fréquentés par les traitants.(Note du traducteur.)