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inutile, mis quatre fois en danger de mort violente, et coûté des sommes dont je ne pourrais dire le chiffre. Certains Banians, sujets britanniques, ayant à leur tête un appelé Ladha Damji, nous ont colloqué leurs esclaves, et à un prix s’élevant à plus du double de celui des hommes libres ; tous ces esclaves étaient imbus de l’idée qu’ils n’avaient pas à me suivre, mais à me forcer de revenir.

« C’est avec les capitaux de ces Banians que la traite de l’homme se fait dans presque toute cette région. Les caravanes de ces Hindous sont conduites par des gens déshonnêtes, et de ce fait j’ai été dépouillé à quatre reprises différentes. Nul voyageur n’a été pillé de la sorte.

« J’en ai porté plainte au docteur Kirk ; plainte dont j’ai inséré copie dans ma lettre du 14 novembre dernier, afin que, s’il est nécessaire, le Foreign Office prête main forte au consul pour que justice soit faite ; et j’ai l’espoir qu’on agira promptement.

« Je me suis plaint de ce que les Banians, ainsi que Shérif, leur employé, ont abusé de la caravane qui m’était adressée, en en faisant, à l’insu du docteur Kirk, un moyen de spéculation personnelle.

« Je me suis plaint de ce que l’on nous a fait involontairement nous servir d’esclaves, bien que nous eussions tous blâmé le capitaine Fraser d’en employer dans ses plantations.

« J’ai appris avec infiniment de regret que le Dr Kirk avait vu, dans cette plainte officielle, une attaque détournée contre lui. Si j’avais prévu cela, j’aurais supporté toutes mes pertes en silence. Je n’ai jamais eu de différend avec le docteur, pendant les cinq années que nous avons passées ensemble, et en lui exposant mes griefs, je n’avais pas l’intention de le blesser. Mais l’intérêt que le public a pris à cette expédition m’obligeait à faire connaître les obstacles qui l’ont détournée de son but. J’ai donc représenté les Banians et leurs délégués comme étant la cause de mes pertes, et le gouverneur de l’Ounyanyembé comme agent principal des Banians. Cette assertion est confirmée par le fait que Shérif et les premières bandes qui m’ont dépouillé, vivent confortablement avec ledit gouverneur à Mfouto, village situé à douze milles environ de l’endroit où j’écris.

« Ayant, ainsi que je l’ai mentionné dans ma lettre précédente, tout ce qui m’est nécessaire pour achever rapidement mes travaux, et les caravanes d’esclaves m’ayant porté de si graves préjudices, j’avais une crainte excessive qu’il ne m’en fût envoyé d’autres. C’est pourquoi j’ai prié M. Stanley de me louer cinquante hommes libres à Zanzibar, et s’il rencontrait une bande d’esclaves à mon adresse, de lui faire rebrousser chemin, coûte que coûte. Je n’avais nulle idée que cette recommandation positive pût arrêter une expédition envoyée à mon secours avec une extrême bienveillance. Je suis profondément reconnaissant du généreux effort de mes nobles compatriotes, et je regrette sincèrement que la mesure que j’ai prise contre un parti d’es-