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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/70

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trente-cinq hommes on eût envoyé ces ballots, qui étaient là depuis cent jours.

Toutefois, vers la mi-février, le bruit courut dans les bazars, et se répandit au loin, que le belyouz, littéralement l’ambassadeur, allait venir à Bagamoyo pour voir où en était sa caravane ; sur quoi celle-ci, prise de frayeur, partit le lendemain, avec seulement quatre hommes d’escorte.

Deux jours après, le Columbine, vaisseau de la marine anglaise, commandé par le capitaine Tucker, déposait à Bagamoyo le consul de la Grande-Bretagne. Le soir, je me rendis à la Mission, où le docteur Kirk, le capitaine et son lieutenant, accompagnés de M. de Vienne, consul de France, étaient descendus. Je les trouvai à table ; l’entretien roula sur une grande chasse, qui venait d’être organisée, et dont on se promettait beaucoup de plaisir.

Le lendemain, à six heures, ces messieurs étaient en route, et ne revinrent que le vendredi suivant. Ce jour-là, je dînai avec eux. Dans la soirée, le docteur Kirk m’apprit que « les officiers du Columbine, avec leurs petits raïfles du calibre d’un pois, n’avaient rien tué. » Les seules bêtes que l’on eût abattues, l’avaient été par lui ; et pour jouir de la chasse, il avait dû quitter les autres et aller seul dans la forêt. « Ils savent maintenant, ajouta le consul, en parlant des officiers, quel degré de confiance on doit mettre dans la carabine Sniders, quand il s’agit des grands animaux d’Afrique. »

Vers neuf heures du matin, le jour suivant, le docteur Kirk et le père Horner, chef de la mission, vinrent me faire une visite. Le docteur ne voulut prendre qu’une tasse de thé, pressé qu’il était d’aller voir ce qui advenait de la caravane de Livingstone. Il ignorait qu’elle était partie, et qu’il avait suffi pour cela du bruit de son arrivée.

À onze heures, j’appris que Mister Kirk était à bord du Columbine

Bagamoyo a le climat le plus agréable ; une différence énorme avec celui de Zanzibar. Après une nuit passée à la belle étoile, on se réveillait, dispos et vigoureux, pour se jeter à la mer ; on sortait du bain ; et, le soleil levé, nous étions à l’ouvrage. Si les ennuis abondaient, les distractions ne manquaient pas. Nous avions dans le camp, des scènes risibles, parfois une cour martiale pour les indisciplinés ; un tour de boxe entre Shaw et Farquhar, lutte que j’arrêtais prudemment quand elle devenait trop sérieuse ; de temps à autre une partie de chasse au bord du Kingani, ou dans