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Page:Stendhal - De l’amour, II, 1927, éd. Martineau.djvu/143

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ne plaisante point sur ces sortes d’affaires ; la qualité d’homme à aventures galantes est bien loin d’être comme en France un avantage que l’on ne peut presque dénier en face à un mari sans l’insulter.

« Quelqu’un qui dirait à mon colonel ou à Ch..... qu’ils n’ont plus de femmes depuis leur mariage en serait fort mal reçu.

« Il y a quelques années qu’une femme de ce pays, dans un retour de religion, dit à son mari, homme de la cour de Brunswick, qu’elle l’avait trompé six ans de suite. Ce mari aussi sot que sa femme alla conter le propos au duc ; le galant fut obligé de donner sa démission de tous ses emplois et de quitter le pays dans les vingt-quatre heures sur la menace du duc de faire agir les lois. »

Halberstadt, 7 juillet 1807.

« Ici les maris ne sont pas trompés, il est vrai, mais quelles femmes, grands dieux ! Des statues, des masses à peine organisées. Avant le mariage elles sont fort agréables, lestes comme des gazelles, et un œil vif et tendre qui comprend toujours les allusions de l’amour. C’est qu’elles sont à la chasse d’un mari. À peine ce mari trouvé, elles ne sont plus exactement que des faiseuses d’enfant, en perpétuelle adora-