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Page:Stendhal - De l’amour, II, 1927, éd. Martineau.djvu/146

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LA SUISSE.

Je connais peu de familles plus heureuses que celles de l’Oberland, partie de la Suisse située près de Berne, et il est de notoriété publique (1816) que les jeunes filles y passent avec leur amant les nuits du samedi au dimanche.

Les sots qui connaissent le monde pour avoir fait le voyage de Paris à Saint-Cloud, vont se récrier ; heureusement je trouve dans un écrivain suisse, la confirmation de ce que j’ai vu moi-même[1] pendant quatre mois.

« Un bon paysan se plaignait de quelques dégâts faits dans son verger ; je lui demandai pourquoi il n’avait pas de chien. — « Mes filles ne se marieraient jamais. » Je ne comprenais pas sa réponse ; il me conte qu’il avait eu un chien si méchant qu’ils n’y avait plus de garçons qui osassent escalader ses fenêtres.

Un autre paysan, maire de son village, pour me faire l’éloge de sa femme, me disait que, du temps qu’elle était fille, il n’y en avait point qui eût plus de killer ou veilleurs (qui eût plus de jeunes gens qui allassent passer la nuit avec elle).

  1. Principes philosophiques du colonel Weiss, septième édition, tome II, page 245.