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Page:Stendhal - De l’amour, II, 1927, éd. Martineau.djvu/223

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grands poètes, Cinthie paraît la plus aimable. L’attrait des talents se joint en elle à tous les autres ; elle cultive le chant, la poésie ; mais, pour tous ces talents, qui étaient souvent ceux des courtisanes d’un certain ordre, elle n’en vaut pas mieux ; le plaisir, l’or et le vin n’en sont pas moins ce qui la gouverne et Properce, qui vante une ou deux fois seulement en elle ce goût pour les arts, n’en est pas moins, dans sa passion pour elle, maîtrisé par une tout autre puissance. »

Ces grands poètes furent apparemment au nombre des âmes les plus tendres et les plus délicates de leur siècle, et voilà pourtant qui ils aimèrent et comment ils aimèrent. Ici il faut faire abstraction de toute considération littéraire. Je ne leur demande qu’un témoignage sur leur siècle et dans deux mille ans un roman de Ducray-Duminil sera un témoignage de nos mœurs.

93 bis.

L’un de mes grands regrets, c’est de n’avoir pu voir la Venise de 1760[1] ; une suite de hasards heureux avait réuni apparemment, dans ce petit espace, et les insti-

  1. Voyage du président de Brosses en Italie, voyage d’Eustace, de Sharp, de Smolett.