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Page:Stendhal - De l’amour, II, 1927, éd. Martineau.djvu/37

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lité maladive de sa vanité. Le Français, étant aimable avec ses idées de tous les moments, dit tout à ce qu’il aime. C’est une habitude, sans cela il manquerait d’aisance et il sait que sans aisance il n’y a point de grâce.

C’est avec peine et la larme à l’œil que j’ai osé écrire tout ce qui précède ; mais puisqu’il me semble que je ne flatterais pas un roi, pourquoi dirais-je d’un pays autre chose que ce qui m’en semble, et qui of course peut être très absurde, uniquement, parce que ce pays a donné naissance à la femme la plus aimable que j’aie connue ?

Ce serait sous une autre forme de la bassesse monarchique. Je me contenterai d’ajouter qu’au milieu de tout cet ensemble de mœurs, parmi tant d’Anglaises victimes dans leur esprit de l’orgueil des hommes, comme il existe une originalité parfaite, il suffit d’une famille élevée loin des tristes restrictions destinées à reproduire les mœurs du sérail, pour donner des caractères charmants. Et que ce mot charmant est insignifiant malgré son étymologie, et commun pour rendre ce que je voudrais exprimer ! La douce Imogène, la tendre Ophélie trouveraient bien des modèles vivants en Angleterre ; mais ces modèles sont loin de jouir de la haute vénération unanimement accordée à la véritable