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Page:Stendhal - De l’amour, II, 1927, éd. Martineau.djvu/378

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il faut avouer qu’elle y mettait beaucoup d’art. Comme, heureusement, il savait mal le français, elle trouvait moyen de faire savoir à tous les assistants qu’il était son amant, sans qu’il pût le comprendre.

Tous les amis de la maison étaient dans le secret de la comédie ; mais les connaissances n’y étaient pas encore. Il fut de nouveau question, parmi elles, de l’indignité du procédé de M. Weilberg, et celui-ci de nouveau se retira et ne voulut plus revenir.

Félicie se mit au lit et signifia à sa mère qu’elle se laisserait mourir de faim. Elle se mit à ne prendre que du thé ; elle se levait pour l’heure du dîner ; mais elle ne prenait exactement rien.

Au bout de six jours de ce régime, elle fut gravement indisposée ; on envoya chercher des médecins. Elle déclara qu’elle s’était empoisonnée, qu’elle ne voulait recevoir de soins de personne, que tout était inutile. La mère et deux amis étaient là, avec les médecins ; elle dit qu’elle mourait pour M. Weilberg, dont on lui avait aliéné le cœur. Du reste, elle priait qu’on épargnât cette triste confidence à son pauvre mari, qui, heureusement, ignorait toutes ces choses, etc., etc.

Cependant elle consentit à prendre une drogue ; on lui donna un vomitif, et elle, qui n’avait vécu que de thé depuis six