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Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/409

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d’entrée, et lui parla théologie. Mais il ne put faire que son oreille n’entendît pas annoncer M. le marquis et madame la marquise Crescenzi. Fabrice, contre son attente, éprouva un violent mouvement de colère.

— Si j’étais Borso Valserra, se dit-il (c’était un des généraux du premier Sforce), j’irais poignarder ce lourd marquis, précisément avec ce petit poignard à manche d’ivoire que Clélia me donna ce jour heureux, et je lui apprendrais s’il doit avoir l’insolence de se présenter avec cette marquise dans un lieu où je suis !

Sa physionomie changea tellement, que le général des frères mineurs lui dit :

— Est-ce que Votre Excellence se trouve incommodée ?

— J’ai un mal à la tête fou… ces lumières me font mal… et je ne reste que parce que j’ai été nommé pour la partie de whist du prince.

À ce mot, le général des frères mineurs, qui était un bourgeois, fut tellement déconcerté, que, ne sachant plus que faire, il se mit à saluer Fabrice, lequel, de son côté, bien autrement troublé que le général des mineurs, se prit à parler avec une volubilité étrange ; il entendait qu’il se faisait un grand silence derrière lui, et ne voulait pas regarder. Tout à coup