Aller au contenu

Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/421

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nation il partit bravement par la malle-poste. Il avait résisté héroïquement à l’idée de se rendre à son poste par Nancy, Bâle et Milan.

Il s’arrêta deux jours, avec délices, sur le lac de Genève et visita les lieux que la Nouvelle Héloïse a rendus célèbres ; il trouva chez un paysan de Clarens un lit brodé qui avait appartenu à madame de Warens.

À la sécheresse d’âme qui le gênait à Paris, pays si peu fait pour y recevoir des compliments de condoléances, avait succédé une mélancolie tendre : il s’éloignait de Nancy peut-être pour toujours.

Cette tristesse ouvrit son âme au sentiment des arts. Il vit, avec plus de plaisir qu’il n’appartient de le faire à un ignorant, Milan, Saronno, la Chartreuse de Pavie, etc. Bologne, Florence le jetèrent dans un état d’attendrissement et de sensibilité aux moindres petites choses qui lui eût causé bien des remords trois ans auparavant.

Enfin, en arrivant à son poste, à Capel, il eut besoin de se sermonner pour prendre envers les gens qu’il allait voir le degré de sécheresse convenable.


FIN DU TROISIÈME ET DERNIER VOLUME