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Page:Stendhal - Molière, Shakspeare, la Comédie et le Rire, 1930, éd. Martineau.djvu/240

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JULIUS CÉSAR

nie, mais ils ne font pas renaître la liberté, car le peuple n’a plus assez de vertu pour les formes anciennes, et ils n’organisent pas avec ces âmes basses des pouvoirs différents dont l’équilibre engendre la liberté (voyez Delolme).

Sur quoi je remarque que Shakspeare eût été un inventeur en politique. On était bien éloigné en 1590 d’avoir ces idées-là. Un poète comme peinture de sentiments n’a besoin que de son cœur. Othello est le même dans tous les siècles, mais dès qu’il énonce des idées exprimant les rapports des choses il n’est qu’à la hauteur de son siècle.

La scène du discours d’Antoine est excellente, nous n’y voyons rien à changer. Son discours est plein d’adresse et fort intelligible. (Comparer ce discours à celui d’Alfieri dans Bruto secundo.)

La scène du pauvre poète Cinna est excellente. Peut-être Shakspeare n’est-il froid que quand il copie Plutarque ou tout autre historien.

Grand empire de l’histoire et des historiens. Si…[1] avaient conspiré, ils se seraient cru des Brutus et des Cassius et par conséquent les auraient imités.

  1. Stendhal a laissé ici un blanc et plus tard il a ajouté : les deux petits env. que nous connaissions en 1803. » N. D. L. É.