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Page:Stendhal - Molière, Shakspeare, la Comédie et le Rire, 1930, éd. Martineau.djvu/351

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LE RIRE

qu’un que nous aimons plus ou moins, qui le rend désappointé[1], mais non malheureux, passé un certain point après lequel la sympathie serait réveillée, et qu’il nous semble que nous aurions évité.

Le plus ou moins d’estime que nous avons pour la personne de laquelle nous rions forme les degrés du comique noble ou bas.

Quand nous rions du Misanthrope, on dit : voilà du comique noble ; quand nous rions de M. Riflard (dans La Petite Ville), c’est du comique bourgeois ; quand nous rions de Jocrisse qui, en allant en habit des dimanches faire sa cour à une cuisinière, est éclaboussé de fond en comble par une harengère avec laquelle il s’est pris de dispute, c’est du comique bas.

La manière de montrer le comique, de quelque classe qu’il soit, est appropriée à l’esprit des spectateurs. Par exemple, à Paris, chaque spectacle a un premier degré de comique auquel les spectateurs sont habitués ; 2o un degré de finesse dans la manière de faire apercevoir ce comique auquel les spectateurs sont pareillement habitués. Tel caractère, dont on rira au Théâtre-Français, sera trouvé froid à

  1. Ainsi un homme qui vient de se vanter de la vertu de sa femme et qui dit : « Moi, je sais la conduire », et la surprend appuyée sur son amant qui est à ses genoux.