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Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/134

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de demander si Napoléon ou Frédéric savaient bien appliquer un coup de sabre. La force que nous admirons, c’est celle de Napoléon visitant l’hôpital de Jaffa, ou s’approchant en souriant du premier bataillon des troupes royales près de Vizille[1]. C’est la force de l’âme.

Nous ne disons pas à notre ami : « Défendez-moi », mais « intéressez-moi » ou « amusez-moi ». Les qualités morales qu’il s’agit de rendre sensibles ne sont donc plus les mêmes. C’est ce que ne voient pas tous les nigauds qui copient l’antique, mais c’est ce qu’ont vu Michel-Ange, le sculpteur de l’inquisition, et Canova, le sculpteur du xixe siècle.

Les qualités, les vertus sont des habitudes de l’âme. Or, tout ce qui est habitude disparaît dans les moments passionnés, de là l’apparente froideur de la sculpture. Elle n’a pas les yeux, elle n’a que la forme des muscles pour rendre sensibles les habitudes de l’âme, donc il lui faut le nu. Donc la beauté n’est jamais que la saillie des qualités que nous désirons le plus trouver dans les autres[2].

Je viens de me faire moquer de moi à

  1. Hobbhouse.
  2. Ici s’arrête le trait léger, encadrant l’indication 136, que Beyle avait tracé sur sa copie et sur la redite de ces théories cent fois exprimées. N. D. L. É.