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Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/156

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utile, mais est infiniment plus agréable qu’une discussion sur M. de Marchangy. Elle ne viendra que trop tôt pour les aimables Milanais, cette fièvre politique qui rend inaccessible à tous les arts et par laquelle, pourtant, grâce à la féodalité, il faut passer pour arriver au bonheur. En attendant, les gens que nous sommes obligés de ne mépriser qu’en secret à Paris, sont ici affublés de tous les noms qu’ils méritent, et les Lanjuinais, les Constant, les Carnot, les Exelmans, portés aux nues. La Gazette de Lugano donne, deux fois par semaine, des nouvelles de ces gens que l’on aime sans en pouvoir parler ; il n’est pas de loge où je n’aie entendu parler ce soir du procès de M. Dunoyer et de la sérénade que lui ont donnée les jeunes gens de Rennes.

Et, me dira-t-on, vous avez vu tout cela en un mois ? — Les trois quarts des choses que je dis peuvent se trouver inexactes, et je les donne pour ce qu’elles valent, pour les apparences ; j’ai cru voir ainsi. L’on ne lirait plus de voyages si on exigeait de chaque voyageur qu’il eût habité assez longtemps chacune des villes dont il parle, pour en pouvoir parler avec l’apparence de la certitude. Il faudrait habiter cinq ou six ans l’Italie ou l’Angleterre ; les gens qui s’expatrient ainsi