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Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/188

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entre nous, que la fin du monde arrivera vers le commencement du xxe siècle. La religion ne peut guère aller au delà. Tout a été perdu du moment qu’on a osé défendre la religion comme utile (dès cette vie). Cela seul constitue la plus dangereuse et la plus noire impiété. Dans les beaux jours de la religion l’inquisition aurait fait brûler l’auteur du Génie du Christianisme et suivant moi très justement. N’est-il pas bien impertinent au xixe siècle et bien impie au xiie, de dire que le christianisme cette machine sublime qui doit faire le bonheur et le malheur éternel de tous les hommes selon qu’ils l’auront connue ou ignorée, n’est qu’une bonne recette pour faire des chansons ? Le génie du christianisme, c’est les moeurs du xive siècle et non les phrases puériles de l’écrivain français.

» Même en Angleterre, le seul pays où l’on sache nous défendre, je vois toujours avancer ce détestable argument de l’utilité.

» Qu’est-ce que le plus ou moins de plaisir que l’on peut goûter pendant un quart d’heure, comparé au bonheur de toute une vie de 60 ou 80 ans telle qu’elle est accordée à l’homme ?

» Or, voilà exactement la position du chrétien.