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Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/207

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Les riches ont si bien opéré depuis 1814 qu’en 1819 les deux tiers des livres qui se publient en Angleterre et dont les annonces remplissent les journaux littéraires sont de la théologie la plus absurde[1]. Les pauvres étant éminemment religieux, et d’un autre côté sentant vivement leurs maux, sont au désespoir et presque fous. La place est faite pour un autre Luther, mais gare le sang.

La théologie d’Angleterre est plus absurde que celle de Rome en ce que le Pape vous dit : croyez votre catéchisme de trois sous, ou vous serez damné, et tout est fini. Les prêtres anglais vous disent : croyez sans examen aucun que ce recueil de vieux poèmes hébreux a été dicté par Dieu. Après quoi réveillez toute votre raison et je vais vous prouver géométriquement :

1o que ces vieux poèmes me donnent le droit d’être payé par vous pour vous prêcher ;

2o qu’ils commandent toutes les vertus exigées par la civilisation du xixe siècle et qu’il convient à lord Gastlereagh et aux riches de souffrir en Angleterre ;

3o et surtout qu’ils proscrivent le jacobinisme et les détestables exemples que

  1. Voir l’Eclectic-Review, la British Critic, etc., etc.