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Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/21

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XIV
PRÉFACE.

Par ailleurs, les préoccupations de notre touriste nous sont bien connues. À peine, libre ici de toute censure, s’en donne-t-il davantage à cœur joie dans ses sarcasmes contre l’église, le christianisme et le clergé. Le Voltairien est déchaîné. Puis soudain une pirouette, et il affirme avec autorité la sagesse de quelque haut prélat et le bon sens du catéchisme en face des prêches protestants. Mais pour si passionnantes que lui apparaissent la politique et les questions religieuses, il abandonne volontiers la liberté de la presse ou l’influence du clergé pour nous entretenir de musique, de sculpture ou des femmes.

La Scala de Milan, les ballets de Vigano, les opéras de Rossini, comment en aurait-il jamais fini sur ces sujets qui passionnent son âme ? Et s’il s’étend si longuement sur les Fantoccini, s’il nous les détaille avec une complaisance charmée qui évoque les jeux, moins chastes, mais de la même exquise veine, des marionnettes turques que Gérard de Nerval a décrites dans son Voyage en Orient, c’est que ces poupées évoquent les mœurs du pays qu’il chérit le plus au monde et le conduisent à parler d’amour. Il n’est sans doute pas, dans tout Stendhal, un tableau plus vif et plus joli que celui de cette dame qui réveille la nuit son mari et son amant, ligués et d’accord comme il