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Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/247

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régime et, en général, s’ennuient beaucoup les premiers mois à Rome. Eh bien ! aucun d’eux n’a eu l’idée de se lier avec la société du pays. Chaque soir, à Rome, MM. les ambassadeurs d’Autriche et de France, M. le prince de Montfort (Jérôme Bonaparte, homme plein de bravoure, ne manquant pas d’esprit, vrai Don Juan, fort libertin et mourant d’ennui), Mme la princesse Borghese, M. le duc Torlonia (banquier fort avare et un peu fripon), donnent des soirées. C’est là que les étrangers aperçoivent la haute société romaine ; je dis aperçoivent, car il y a peu de liaison. Si un étranger parle à un Romain, il ne manque guère, avec une politesse parfaite, de l’entretenir des choses ridicules ou odieuses qu’il a remarquées à Rome. Le Romain parle le moins qu’il peut à un étranger, de peur d’être méprisé. D’après l’étiquette romaine, l’on ne rencontre dans les cercles que j’ai indiqués que la haute noblesse, les familles Altieri, Gabrielli, Falconieri, etc. Ce qu’on appelle le ceto di mezzo, la bourgeoisie riche, n’y est pas admise, et malheureusement pour les étrangers ; car ce mezzo ceto est celui qui a le mieux profité de la présence des Français. Presque tous les jeunes gens de cette classe ont reçu une éducation passable. Ils sont, par exemple, enthousiastes de