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Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/286

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et leurs pourvoyeurs, ils sont rarement trahis.

Leur vie un peu nomade se partage entre les soins à donner aux troupeaux de chèvres dont ils tirent en partie leur subsistance, et la surveillance des grandes routes ou des chemins détournés, sur lesquels ils attendent les voyageurs. Souvent aussi ces hordes de bandits ne sont autre chose que des villageois de la Sabine et des Abruzzes ; ils s’occupent de travaux champêtres une partie de l’année, mais comme leur travail dans ces rochers ne suffit pas aux besoins de la famille, ils se livrent à leur penchant naturel pour le meurtre et le pillage. Cette habitude de brigandage n’est d’ailleurs pour eux qu’une manière de vivre à laquelle ils savent fort bien qu’est attaché le danger de l’échafaud. La majorité de la population étant enrôlée sous la bannière de quelques chefs, ceux-ci ont toujours à leurs ordres une petite armée aussi promptement réunie qu’elle est dispersée après l’action.

Dans leurs expéditions, les bandits sont ordinairement aidés par les bergers. Les hommes adonnés à la pastorizia mènent une existence à demi sauvage, qui les laisse en communication avec les villes, d’où ils peuvent tirer des provisions, et les détache cependant assez de tous les liens sociaux