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Un tel homme succombera sous les efforts opiniâtres d’une police militaire fortement organisée ; il recevra sur l’échafaud le prix de ses crimes et de son audacieux courage ; mais l’opinion lui accordera plus de génie et de sang-froid qu’à bien des généraux qui ont laissé une réputation.

Parella, dont les déplorables excès ont répandu l’effroi pendant si longtemps dans le royaume de Naples, était pourchassé par les soldats français depuis trois ans. Ne pouvant le saisir, le ministre Salicetti mit sa tête à prix. Un paysan, barbier, domestique et l’homme de confiance de Parella depuis douze ans, eut un jour à se plaindre de lui ; il cède à l’appât du gain et au désir de se venger ; il coupe le cou à son maître un matin en le rasant, apporte sa tête et touche quatre cents ducats pour prix de cette action.

Le chef appelé Diecinove, parce qu’il lui manquait un orteil, était encore plus altéré de sang que d’or ; il torturait ses victimes avec un barbare plaisir, longtemps avant de les achever. Diecinove, dont la cruauté était plutôt fatiguée qu’assouvie, proposa un armistice au gouvernement pontifical, qui l’accepta.

Une fois graciés comme bandits et absous comme chrétiens, Diecinove et ses compagnons purent se présenter impu-