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Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/294

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d’impudence, notre héros put prendre un ton d’autorité et dicter ses conditions au cardinal.

Vers le milieu du siècle dernier, un brigand avait déjà rendu célèbre le nom de Mastrilli. Les crimes qu’il commit et l’adresse avec laquelle il savait se soustraire à la justice, en firent un homme si dangereux, qu’on ne put s’en défaire qu’en mettant sa tête à prix ; il fut trahi, et tué étant à la chasse. En 1766, on voyait sa tête exposée sur la porte de Terracine, du côté de Naples.

Toute l’Italie tremblait, en 1806, au seul nom de Fra-Diavolo. Ce brigand, né à Itri, jeta l’épouvante principalement parmi les populations des bords de la Méditerranée, faisant partie des États Romains et de ceux de Naples. Cet ex-moine et ex-galérien, tout noirci du soleil, tuait ses semblables par goût et par besoin, les sauvant quelquefois par caprice ou les secourant par bonté. Avec cela, il était dévot, tout à la Vierge et aux saints. De brigand il se fit contre-révolutionnaire, devint officier supérieur dans l’armée du cardinal Ruffo, et égorgea à Naples par dévouement pour l’autel et le trône. Toujours il était couvert d’amulettes et armé de poignards. Après beaucoup d’actions d’une hardiesse et d’un courage