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Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/309

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il s’achemina avec un âne chargé de vin, vers des bois où on en avait vu. Les bandits le saisirent bientôt, lui, l’âne et le vin ; ils occupèrent Sixte à tourner la broche, tandis qu’ils buvaient, mangeaient et se moquaient de lui. Mais le rusé pape avait mis de l’opium dans le vin ; le narcotique agit insensiblement ; Sixte attendit le moment favorable, donna un coup de sifflet, et ses soldats, embusqués à une petite distance, s’emparèrent sans difficulté de toute la bande plongée dans un profond sommeil.

Cent ans après la mort de Sixte-Quint, vers la fin du dix-septième siècle, le marquis del Carpio, dernier vice-roi de Naples, donna également la chasse, avec succès, aux voleurs. Ils étaient en si grand nombre que, pour voyager en sûreté dans ce beau pays, il fallait se réunir en caravanes. Quelques bandits traitèrent avec le vice-roi, à la condition de la vie sauve ; il en fit périr un grand nombre par l’épée ou par la main du bourreau et utilisa les autres à des travaux publics.

Les trois papes qui succédèrent à Sixte-Quint ne partagèrent probablement point ses idées à l’égard des brigands, ou leur règne trop court ne leur permit peut-être pas de s’occuper de la police des grands chemins ; tant il y a qu’ils reparurent dans