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Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/326

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l’insignifiance d’un royaume dans la magnificence de l’autre, par un compromis entre tous deux, et pour répondre aux objections que sir John Copley aurait pu faire à lord Lyndhurst sur l’inconvenance qu’il y avait à ce que sa majesté britannique le roi d’Angleterre entretint un ministre à la cour dé Rome. Le baron de Reden n’avait rien de très séduisant dans son abord, ni dans son extérieur ; mais si j’avais à représenter la plus anti-diplomatique, ultra-honnête, extra-consciencieuse figure qu’une cour allemande put envoyer comme échantillon des produits de ses manufactures, en fait de ministres, à une cour italienne, je serais certainement tenté de choisir son excellence. Il était petit et disgracieux. L’âge n’avait pas embelli ses traits lourds et bourgeonnés et son costume pendait sur ses formes épaisses et gauches comme s’il en eût hérité du plus robuste de ses ancêtres. Puis venaient ses manières rustiques et courtoises. C’était une chose curieuse à voir que la façon pesante et solennelle dont il s’inclinait, et dont son visage s’épanouissait en un sourire admiratif devant l’attrait de la beauté. Mais toutes ces nuances se perdaient dans la franchise évidente, dans la loyauté hanséatique de son caractère. Le baron ne disait jamais un mot sans citer une auto-