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Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/346

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le caractère de l’égarement. Il avait été un des malheureux témoins de sa mort. Quelques heures après que l’événement fut connu à Rome, je vis plusieurs figures silencieuses sur les degrés de la Trinità di Monte (sa dernière résidence), contemplant, les larmes aux yeux, et avec l’expression de la plus profonde sympathie, les volets fermés et la tranquillité funèbre d’une des maisons les plus gaies et les plus hospitalières de la ville. Toutes les recherches pour retrouver le corps furent vaines pendant plusieurs semaines. On le découvrit enfin, non comme on le conjecturait, près de la ville, mais presque à l’endroit même où elle était tombée. Les ruines de l’ancien pons Milvius l’avaient retenue. Il fut transporté dans une petite hôtellerie voisine. Toutes traces de beauté étaient effacées : les bagues qu’elle avait aux doigts purent seules la faire reconnaître. Le lendemain, de très bonne heure, ses restes mortels, suivis d’un petit nombre d’amis au désespoir, furent inhumés dans le cemeterio degli Inglesi. Ils y reposent encore, et peu d’Anglais traversent Rome sans visiter la tombe de leur malheureuse compatriote.


Fin des Pages d’Italie