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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/11

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pensées

pris la place du crédit. Parmi nous c’est l’argent, moyen qui aide beaucoup au bonheur, mais qui cependant ne le compose pas encore tout à fait, nous avons sans cesse marché vers la vérité, chez nos descendants enfin on n’estimera que le bonheur même.

(Voilà un morceau charmant, le vérifier par les mémoires et par ce que je verrai dans le monde et le mettre un jour dans la bouche d’un de mes personnages, non pas en donnant au morceau le rythme du personnage, mais au personnage le rythme du morceau.)

Par ce qu’on a estimé dans ces quatre époques on voit quel a dû être leur ridicule.

Sous Louis XIV c’était l’homme qui aspirait au crédit à la cour, prenait une fausse route pour y arriver, et se trouvait déçu.

Sous Louis XVI, l’homme qui voulant plaire dans le monde et agissant uniquement pour cela finissait par déplaire à tout le monde.

Parmi nous, l’homme ridicule serait celui qui, méprisant et négligeant les richesses, prendrait une autre voie pour arriver au bonheur, et se tromperait.

Par exemple, l’homme qui jugeant du temps présent par la description du siècle